Alors que les salariés défilent en masse,  Il n'est même plus question de "pédagogie", malgré l'argent gaspillé en campagnes inutiles et déjà oubliées ; il n'est pas question de parler du fond, sauf les "éléments de langages" répétés 200 fois par jour, déficit durée de vie tout ça, "sauver le système", et ce n'est pas Woerth cramé jusqu'à la moelle qui répondra, lui qui préfère sauver sa peau encore un mois plutôt que de s'écarter pour laisser enfin place au débat. Tenir, passer en force, jouer tactiquement en espérant que les députés vont voter le texte sans trop broncher, comme les beaux godillots qu'on aime. C'est à eux que ce message s'adresse d'ailleurs.

C'est quand même incroyable quand on y pense, cette injonction à "tenir" ! La droite à tous les pouvoirs centraux, une confortable majorité partout, des députés qui ne vont pas risquer leur carrière et perdre leur siège pour un texte qui (désolé) ne les concerne que de loin. Tenir contre les manifestants qui n'ont aucun pouvoir ? Tenir contre les sondages négatifs, l'impopularité des réformes qu'on se refuse pourtant à modifier ? C'est encore une extension délirante du langage militaire ou sportif, comme tenir en Afgha ou tenir à la seconde mi-temps, toutes choses qu'on fait très mal d'ailleurs.

Bref, on aborde la réforme comme avant une négociation : ne pas écouter, encore moins convaincre, mais écraser l'adversaire qu'on s'est inventé, tout en prévoyant de lâcher du lest sur des points de détail pour ne pas céder sur l'essentiel. Le fonctionnement du pouvoir, en France, c'est la médecine à l'ancienne ; on force le remède sur le patient, même si ça ne sert à rien, et s'il n'aime pas ça, et bien c'est que le remède est bon, CQFD, et qu'on n'est pas démagogues ! Qu'on est courageux, même !

Que c'est beau ce courage de Fillon, ça m'émeut. Il n'a même plus peur du chiffre de 67 ans, le nouveau seuil de la retraite à taux plein, qui pourtant embarrasse les marionnettes du Medef : c'est pire que de revenir sur la réforme "irresponsable" de 81, c'est directement flouer les gens qui n'ont pas eu la chance de travailler tout le temps, chômeurs et précaires en tête, en leur collant deux ans de galère supplémentaire à un âge avancé. C'est la cerise sur le gâteau de la réforme injuste.

Allez, comme Fillon, un petit mot d'encouragement aux députés UMP : tenez bon, soyez courageux, laissez crever les pauvres un peu plus, de toute façon ils ne votent pas pour vous

 

L'opinion publique est souvent une force politique, et cette force n'est prévue par aucune constitution

Courage mes frères la victoire du peuple arrive à grand pas

Bien fraternellement 

Raymond Hottin et Didier Collé